Comment les enfants vont-ils apprendre la frustration ?

“Dans une école comme celle-ci, comment les enfants vont-ils apprendre la frustration ?”

C’est une des questions les plus fréquentes lors de nos réunions d’information.

Et c’est vrai, dans la vie, on ne peut pas faire tout ce qu’on veut.

Mais il y a une différence entre les limites imposées par la vie en société et les obligations que l’on impose aux enfants concernant leurs apprentissages.

Lever les obligations de résultat scolaire, de modalité d’apprentissage ou d’évaluation n’équivaut pas à soustraire l’enfant des contraintes de la vie en société.

Les enfants et adolescents dans notre école pourront, comme vous et moi, décider de comment ils occupent leurs journées. Mais cela ne veut certainement pas dire qu’ils pourront faire ce qu’ils veulent des autres ou du matériel.

En pratique, dans une école Sudbury, il y a souvent beaucoup de règles, qui sont relatives à la sécurité (de soi, des autres) et au respect du matériel. Ces règles entraînent forcément des frustrations : peu d’enfants aiment ranger derrière eux, et il n’est pas toujours évident de gérer un conflit sans taper, ou encore d’attendre son tour...

D’ailleurs, le quotidien de n’importe quelle personne, qu’elle soit adulte ou enfant, est rempli de frustrations.

L’être humain a envie d’accomplir des choses, c’est ce qui donne du sens à la vie. Il est rare de réussir quelque chose du premier coup. Il faut essayer, se tromper. Il faut du travail.

Et cela arrive tout le temps, même pour des activités qu’on pourrait qualifier de futiles, comme des jeux : il faut de nombreux essais avant de pouvoir construire une tour de Kapla complexe.

“Et comment les jeunes adultes qui ont eu une scolarité de ce type vont-ils faire face aux contraintes du monde du travail et de l’université ?”

Durant tout ce temps libre, ces jeunes peuvent, durant leur scolarité, entrer en contact avec ce qu’ils aiment et savoir ce qu’ils ont envie de faire plus tard. Ils ont pu aussi se rendre compte que pour obtenir quelque chose, il faut fournir des efforts.

Ils peuvent, en sachant ce qui les motive, supporter les contraintes et les frustrations inhérentes à la poursuite de toute activité.

Peter Gray en parle dans son livre Libre pour Apprendre (p136) :

“(…) aucun des diplômés (de la Sudbury Valley School) ne se plaignait de difficultés à s’adapter au cadre formel que représente l’université ou un emploi. Ceux que nous avons pu questionner à ce sujet au cours des entretiens ont expliqué à l’unisson que le choix de poursuivre leurs études ou d’exercer un métier particulier était le leur, qu’ils aimaient ce qu’ils faisaient et qu’ils étaient tout à fait en mesure d’accepter les règles que ces engagements impliquaient. Des individus qui avaient été en rébellion à l’égard du travail scolaire imposé lorsqu’ils n’avaient pas leur mot à dire, c’est à dire avant d’entrer à Sudbury Valley, acceptaient les contraintes de l’université et d’un emploi parce que cela procédait de leur choix. Ils soulignaient également qu’ils avaient ressenti davantage de liberté pendant chaque jour et chaque minute passés à l’université ou à exercer un métier qu’ils n’en avaient connue dans les écoles conventionnelles qu’ils avaient fréquentées.”


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